Portrait de Witold Tomczak

A l’occasion du 100e numéro d’Eckbolsheim Liaison, faisons connaissance avec son créateur : Witold Tomczak, élu au Conseil municipal entre 1971 et 2001.

 

Un projet démocratique

En 1971, trois ans après Mai 68, un vent de renouveau souffle à Eckbolsheim avec une nouvelle génération d’élus municipaux.

La création d’un bulletin municipal est validée par le Maire tout juste nommé, Pierre Sammel, sur l’insistance de Witold Tomczak : « il s’agissait d’une promesse électorale de la liste sur laquelle j’étais élu ».

Malgré un scepticisme ambiant sur la pérennité du projet, il se lance avec enthousiasme dans ce dossier qu’il porte à bout de bras, en étant convaincu que « l’information est la clé de la liberté ».

Grâce au succès des deux premiers numéros, la viabilité du journal municipal est prouvée.

Un imprimeur sera désormais sollicité pour le plus grand soulagement du personnel communal qui était chargé de l’interminable travail de reproduction et d’agrafage.

Tomczak s’occupe quant à lui toujours de tout le reste : «j’ai choisi un titre explicite, sollicité et réceptionné les écrits des contributeurs, défini le sommaire, tapé tous les textes à la machine et réalisé la mise en page avec les moyens de l’époque. »

 

Journaliste aux DNA

Sa profession de journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace a évidemment contribué à l’orientation du bulletin : « je ne voulais pas faire un catalogue mais un vrai journal avec des interviews, des enquêtes, des analyses. »

C’est en 1961 qu’il est entré au célèbre journal régional lors de la création du service économique du quotidien. Grâce à ses diplômes de journalisme et de sciences politiques option économie, mais aussi à sa licence d’allemand (à une époque où le journal était bilingue), il était le candidat idoine pour occuper le poste de directeur de ce service qu’il occupera pendant dix ans.

Son métier lui permet de beaucoup voyager et il suit notamment les déplacements présidentiels du Général de Gaulle en Pologne, aux USA et en URSS.

Ses aptitudes dans les langues étrangères (polonais, allemand, anglais, espagnol, russe, italien, néerlandais) font de lui l’interprète officieux de nombreux collègues journalistes au cours de ces voyages officiels.

Elles lui permettent surtout de recouper facilement les sources de première main et de créer des liens de proximité avec des interlocuteurs du monde entier.

 

Un interminable toast à la vodka

Lors d’une réception officielle au Kremlin, il s’est ainsi retrouvé en tête-à-tête avec un maréchal soviétique.

Après quelques échanges en russe, ce dernier l’invite à lever son verre de vodka à la santé du Général de Gaulle. La politesse diplomatique commande à M. Tomczak de porter à son tour un toast en l’honneur de Nikolaï Podgorny (chef de l’Etat russe), puis un autre pour Maurice Couve de Murville (Ministre français des Affaires étrangères), encore un autre pour Alexis Kossyguine (président du Conseil des ministres de l’URSS)…

Le citoyen d’Eckbolsheim parvient finalement à s’éclipser poliment, en laissant les deux nouvelles bouteilles de vodka fraichement commandées aux mains de son interlocuteur, qui n’était autre que l’illustre maréchal Nikolaï Voronov, commandant de l’artillerie soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale lors des célèbres batailles de Leningrad et de Stalingrad.

Après son parcours en tant que journaliste, M. Tomczak devient ensuite guide interprète pendant une vingtaine d’années au cours desquelles il fait découvrir notamment Strasbourg, l’Alsace, l’Allemagne, la Suisse à de nombreux touristes.

Il se souvient en particulier du séjour de cent cinquante mexicains en 2006, à l’occasion de la coupe du monde de football disputée en Allemagne : cinq jours de vie en commun à Düsseldorf, Amsterdam et Bruges avec des supporters très gentils mais peu disciplinés, dont une bonne partie s’était perdue dans les ruelles de la ville flandrienne.

 

Une retraite bien méritée

Après cette vie professionnelle bien remplie (il a aussi cofondé le club de la presse en Alsace et a été président de la section alsacienne du syndicat national des journalistes), M. Tomczak profite désormais de sa retraite à Eckbolsheim en compagnie de sa femme et de sa famille (3 enfants, 5 petits-enfants, et 1 arrière-petite-fille).

Il continue toutefois à écrire – sur l’insistance de ses enfants – afin de retracer son parcours commencé à Liévin il y a 86 ans, où ses grands-parents s’étaient installés en 1921 en provenance de Pologne.

Arrivé en Alsace pour ses études en 1957, il est installé à Eckbolsheim depuis 1960 (l’année de son mariage) où il aura également cofondé le club de tennis en 1981.

Mais au fait, s’il maîtrise de nombreuses langues européennes, parle-t-il également l’alsacien ? Bien sûr ! Grâce au quotidien partagé avec son épouse et sa belle-famille d’Eckbolsheim… même si, comme il l’admet lui-même, ce n’est pas « wie de Schnàwel gewàchse isch ! »(1)

(1) Expression alsacienne pour dire qu’on parle « comme le bec a poussé ».